May be it's not just a tatoo.

La rencontre avec l’hybride m’avait perturbé. Plus que je ne voulais bien l’admettre ou peut-être moins que ce que je pensais. Le lendemain, j’avais été travaillé, comme si de rien n’était, si ce n’est la couleur blanche plus présente que d’habitude, sur mon visage. Déjà qu’habituellement on aurait dit de moi une albinos, cette fois, j’étais pale. J’avais mal dormi, j’étais fatiguée et encore sous le choc. Epuisée aussi.  

J’avais perdu ma guitare, j’étais blessée à la main, j’avais des cernes sous les yeux et de nouveau, j’avais peur. Je voulais simplement vivre une vie normale et j’avais cette impression que ça n’était pas possible. J’ai toujours aimé les symboles. Depuis petites, j’aime les symboles, sans doute dû à ma nature, sans doute à autre chose, mais aujourd’hui, ce sont les symboles qui agirait sur moi. Littéralement sur moi.

J’avais ouvert la librairie, mis en place les pâtisseries, lancée la musique avec cette lassitude qui ne me ressemblait pas.  J’avais toujours pensé qu’ici serait l’endroit où je ne craindrais rien et finalement, même si ça n’était pas pour moi, j’étais en danger continuel. N’aurait-il pas été plus simple que je retourne en Irlande pour qu’il me tue… Non ! Je ne pouvais penser ça ! J’étais partie, j’avais fui pour me sauver, pas pour subir le manque, parce que j’avais peur de ne pas réussir. Aujourd’hui, je ne tiendrais pas, je le savais. Aussi, j’avais appelé le propriétaire de la boutique, lui expliquant que je ne pouvais pas. La librairie fermerait plus tôt aujourd’hui.

J’étais exténuée et j’avais besoin de repos, d’oublier, de penser à autre chose. J’avais pris cette décision quand les livres s’étaient mis à bouger dans la librairie, preuve que la fatigue me ferait faire des bêtises quant à mes pouvoirs.

A peine la pause déjeuner finie, j’avais fermé la boutique. Mon sac à l’épaule, je déambulais dans la ville pour rejoindre mon appartement quand je m’arrêtais devant un tatoueur. J’avais déjà pensé à ça, mais cette fois, quelques secondes plus tard, j’étais dans la boutique. J’observais les possibles tatouages sur le mur, intriguée. Faisais-je le bon choix ?

Un bruit derrière moi, m’indiqua la présence de quelqu’un, sans doute le tatoueur. Indéniablement, je faisais le bon choix. Futile, sans doute, mais sans doute pas pour moi.
Je me retournais, un peu intriguée.

- Bonjour… J’aurais voulu savoir si vous aviez un créneau maintenant… Je…C’est sur un coup de tête et…Fin, vous devez avoir l’habitude.

L’habitude que si on n’a pas de rendez-vous, on abandonne. Je ne voulais pas abandonner, mais la fatigue jouant, j’aurais moins de peur, non ? Je m’approchais de lui, sortant mon téléphone de la poche de mon pantalon, avant de lui montrer l’image d’un trèfle à quatre feuilles.

- Je suis irlandaise.

Je m’étais sentie presque obligée de préciser ma nationalité, comme pour expliquer le besoin et l’envie d’avoir cette chose sur mon corps. C’était bien plus profond, pourtant, je voulais cacher les blessures que mon père m’avait faite ou du moins, m’empêcher de ne voir qu’elles. Habituellement en robe pour aller travailler, j’avais opté pour une paire de jean et un t-shirt, alors peut-être qu’instinctivement j’avais su que j’irais voir pour me faire tatouer. C’était un plus. Je voulais dépasser mes craintes et mes souvenirs.

J’avais une cicatrice en principal que je voulais oublier. Une vilaine cicatrice sur le dos dû à mon père. Un couteau qui s’était enfoncé dans ma peau, de la propre main de mon père. Un souvenir que la mort m’avait déjà enlacé plus d’une fois quand j’étais au pays.

- Dans le bas du dos à droite, si possible… C’est près d’une…d’une vilaine trace… Alors si ça n’est pas possible…

J’avais peur, tout simplement, que ça ne soit pas possible aujourd’hui et que je fasse marche arrière par la suite. Nerveusement, parce que c’est ma nature profonde finalement, je jouais avec le bandage de ma main blessée la veille.

Codage par Libella sur Graphiorum